Conte traditionnel – Adaptation de Fahd TOUMA.
Dans un village d’Arabie vivait autrefois un tailleur de pierres appelé Zakhia.
Il avait, avec sa femme, cinq enfants et il travaillait dur pour les nourrir ; tous les jours tôt, il allait dans la montagne proche où se trouve une carrière, et il se mettait au travail dès que la lumière pointait. Et tous les jours, vers midi, le soleil au zénith était tellement chaud que Zakhia enlevait sa « ’abaya » (manteau), puis il se débarrassait de sa veste et même de sa « jallabia » et restait torse nu tellement le soleil chauffait et lui brûlait le corps et les mains au contact de la pierre et de ses outils.
Il se plaignait à Allah en épongeant les gouttes de sueur qui, glissant depuis son front, lui tombaient dans les yeux malgré ses gros sourcils.
Zakhia se plaignait, donc, en souhaitant que le soleil chauffe moins, ou que Allah lui fasse de l’ombre pour pouvoir supporter cette chaleur infernale, intenable.
Et voici qu’un jour, pendant qu’il travaillait, en train d’ajuster l’angle d’une grosse dalle qu’il était en train d’extraire d’un gros bloc rocheux, suant, transpirant et rouspétant, une jeune et jolie fée « jinnia » lui apparût et l’interpella : Zakhia, Zakhia… Il se retourna et vit la « jinnia », il eut peur d’abord et se cacha le visage.
Mais la voix revint, douce : Zakhia, Zakhia. Alors Zakhia se pinça le dos et réalisa qu’il eut mal, il ne rêvait pas.
Il rouvrit les yeux et regarda de nouveau. Il comprit que c’était une vraie apparition, alors tout ému, il dit : -« Tu m’as appelé, O Madame ? « Oui Zakhia, répondit-elle, je suis une fée et j’ai de la sympathie pour toi. Je te vois travailler dur pour pouvoir nourrir tes enfants… Te voyant souffrir de cette façon je suis venue te voir pour t’aider. Je t’accorde, O Zakhia de réaliser quatre vœux, quatre souhaits, pas plus que quatre. Pour cela il faudra que tu dises cette formule : Allah est grand. Je veux que Zahra la « jinnia » m’accomplisse mon vœu, à l’aide de Dieu. Et ton vœu sera exhaussé. Et si tu as des difficultés, tu m’appelleras en disant : « Que Zahra la « jinnia » m’écoute, au nom de Dieu. Et je serai tout de suite à tes côtés. Maintenant, dis-moi Zakhia, as-tu retenu ce que je t’ai dit ? » -Oui, ma « jinnia », répondit Zakhia. -Alors au revoir, lui dit la gentille « jinnia ».
Quand la fée disparut, Zakhia se frotta les yeux fortement, se donna des claques sur les deux joues, pensant à un coup de soleil qui lui fit voir des choses incroyables… Mais, plus il essayait de se persuader que ce fut un rêve, plus avait-il mal en se pinçant ou en se tapant dans les mains -C’est peut-être vrai ce que je viens de vivre, dit-il. J’ai une promesse de cette « jinnia », essayons voir !
Puis réfléchissant à haute voix, il se dit : Ce soleil qui me tue avec sa chaleur atroce, qui me brûle la peau… Eh bien… je veux devenir le soleil…Et se rappelant la formule que la « jinnia » lui avait apprise, il dit à haute voix : Allah est grand, je veux que Zahra la « jinnia » me transforme, avec l’aide de Dieu, en soleil !
A peine avait-il fini de prononcer ces paroles qu’il se trouva, lui Zakhia le tailleur de pierre, suspendu dans le firmament, très haut dans le ciel, en soleil resplendissant, lumineux et réchauffant tout l’univers.
Il regarda du haut de son ciel sa maison, le village, la ville proche, et il vit les gens vaquer à leurs occupations. Il jeta un coup d’œil aussi sur le sommet de la montagne et vit qu’il était recouvert d’une épaisse couche blanche de neige immaculée ; alors, taquin, il y décocha un grand et chaud rayon… Et vite la neige fondit. Il rit.
Puis il vit, dans une autre contrée, un homme chaudement habillé ; coquin, il lui envoya une onde de chaleur torride… et l’homme se mit à transpirer et à enlever ses vêtements l’un après l’autre.
Mais soudain il ne vit plus le beau paysage qu’il était en train de contempler ; il réalisa qu’il y avait un nuage entre lui et la terre. Il essaya de transpercer ce nuage avec ses rayons mais il n’y parvint pas. Il pensa que ce serait momentané, mais de plus en plus de nuages s’entassaient et s’accumulaient pour l’empêcher de distinguer la terre. Il fit de grands efforts pour passer au travers de ces corps cotonneux, il s’échauffa de colère… mais en vain…
Il se souvint alors de Zahra la gentille fée, alors il l’appela : Au nom de Dieu, que Zahra la jinnia m’écoute. Et Zahra la fée apparut tout de suite à ses yeux.
« Ma gentille jinnia », lui dit-il, « je suis le soleil, l’astre le plus fort et le plus redouté, et pourtant le nuage est plus fort que moi. Je n’accepterai jamais cela… Je veux être le plus fort élément de la nature. Je veux devenir un nuage. »
« Mon cher Zakhia, tu n’as qu’à dire », lui suggéra la fée, : « Allah est grand, je veux que Zahra la jinnia me transforme, avec la permission de Dieu, en nuage. »
Zakhia prononça lentement ces paroles et à peine a-t-il achevé sa phrase qu’il fut transformé en un beau nuage grand, blanc, majestueux flottant dans le ciel.
Zakhia chercha des yeux Zahra la fée… Mais elle avait disparu. Il vit le soleil au-dessus de lui et il rit en lui disant : Moi j’arrive à arrêter tes rayons quelle que soit leur force ! Ha Ha Ha Je suis le plus fort.
Content de lui, il flottait dans l’immensité bleue du ciel… Et lorsqu’il apercevait une personne habillée légèrement il lui envoyait une ondée d’averse et la personne se couvrait immédiatement la tête, cherchant le parapluie, courant vite trouver un abri ou un porche de peur d’être complètement trempée.. Pendant ce temps, Zakhia le nuage inconscient, riait comme un enfant.
Un jour il envoya ses trompes d’eau sur un rocher. Il constata que celui-ci n’avait pas bougé d’un pouce. Il doubla ses pluies et ses forces en grondant et en tempêtant et en envoyant beaucoup d’eau, mais le rocher restait là, imperturbable, solide, tranquille et indifférent.
Le nuage, vexé, entra dans une colère noire et cria, plus fort que le tonnerre : Au nom de Dieu, que Zahra la jinnia m’écoute. Et Zahra apparut.
« O Zakhia », dit-elle, « que t’arrive-t-il ? Calme-toi. »
« Mais as-tu vu, » lui demanda-t-il ? « Ce rocher se fiche complètement de moi et de ma force. »
« Et que veux-tu », lui demanda la fée Zahra ?
« Je voudrai devenir rocher », lui répondit-il.
« Tu n’as qu’à prononcer », lui dit-elle, : « Allah est grand. Je veux que Zahra la fée me transforme en rocher, avec la permission de Dieu. Et rappelle-toi que c’est ton troisième vœu. Il ne t’en reste que deux. »
« Je m’en souviendrai. »
Zakhia répéta cette phrase et à peine a-t-il fini qu’il est devenu un majestueux rocher, grand, dur et lourd qu’aucune force ne peut déplacer. Fier de lui il commença à se moquer des rayons du soleil ainsi que des nuages et il riait à l’idée qu’il était devenu l’élément le plus fort de la nature.
Cependant, un matin, il vit s’approcher de lui un homme petit, calme et qui tenait à la main un ciseau de tailleur de pierre en acier et un gros marteau et qui entreprit de taper le rocher afin de savoir si la pierre était tendre pour y tailler des dalles.
Une grande peur plaqua Zakhia le rocher au sol ; et il cria en crissant : « Au nom d’Allah, que Zahra la jinnia m’écoute. »-
« Je suis là », dit-elle, « et je t’écoute. »
« O ma belle jinnia, sauve-moi, je tremble de peur… Il y a un tailleur de pierre qui veut creuser mon flanc avec un ciseau en acier et un gros marteau. Il veut sûrement ma perte. Sauve-moi, O Zahra. Je croyais que j’étais le plus fort. »
« Entendu, Zakhia », lui rétorqua la fée, « tu sais ce qu’il faut dire pour te transformer. Mais cette fois réfléchis bien à ce que tu veux, c’est ton dernier vœu ! »
Zakhia prononça la formule et le voilà transformé en tailleur de pierre, comme il était avant cette grande aventure.
Il se retourna en cherchant des yeux sa bienfaitrice mais elle avait disparu en laissant à sa place un nouveau marteau et un beau ciseau luisant en acier trempé.
Zakhia comprit alors la leçon que lui a donné la fée. Il remercia Dieu de ses grâces et revint à lui en constatant qu’il est bien en chair et en os le Zakhia d’avant.
Depuis cette aventure Zakhia vit avec sa femme et ses enfants sans se plaindre de la chaleur ni de la pluie ni de la dureté du rocher qu’il taille.
Version originale
فيي تِلكَ الأيّامِ البعيدَة كانَ يَعيشُ في جَبَلٍ نَحّاتٌ اِسمُهُ زَخْيا ، يَعمَلُ طَوالَ النَهارِ في نَحتِ الْحِجارَةِ والصُخور
وكانَ نَحّاتُ الْحِجارَةِ هذا ، كُلَّما ظَهَرَتِ الشَمسُ قَوِيةً ساطِعَةً ، يَحزَنُ ويَقولُ : « الشَمسُ حادَّةٌ وقَويَّةٌ ومُجرِقَةٌ ، وهي تُزعِ
جُني كًثيراً… رُبَّما أُ صبِحُ يَوماً الشَمسَ « ..
وذاتَ يَومٍ ، وبَينَما كانَ زَخيا يَعمَلُ ، ظَهَرَت لَهُ جِنِّـيَّةٌ ، وقالَت لَهُ : « سَأُحَقِّـقُ لَكَ أَربَعَ رَغباتٍ فَقَط. فَماذا تُحِبُّ ؟ » فَقالَ : « أُريدُ أن أُصبِحَ شَمساً « . فَنَفَخَتْ عَلَيهِ الْجِـنِّـيَّةُ ، فأَصبَحَ شَمساً ساطِعَةً قَوِيَّةً. وظَلَّ النَحّاتُ زَخيا يَشعُرُ بْقُوَّتِهِ وسُلطانِهِ طيلَةَ الصَيفِ,
ولَمّا جاء الشِتاءُ، ظَهَرَتِ الغُيومُ في السَماءِ. وأَحَسَّ زَخيا بِأَنَّ الغُيومَ أَقوى بِكَثيرٍ مِنهُ لأنَّها توقِفُ نُورَهُ وشُعاعَهُ… فَغَضِبَ لِذلِكَ وصَرَخَ لِلجِنّيَّة ، فَجاءَت الْجِنّيَّةُ مُسرِعَةً. فَطَلَبَ مِنها أن تَجعَلَهُ غَيماً. فَنَفَخَت عَلَيهِ وإذا بِهِ يُصبِحُ غَيماً يَسبَحُ في الفضاءِ.
وطيلَةَ أيّامِ فَصلِ الشِتاء كانَ النحّات زَخيا يُوقِفُ شُعاعَ الشَمسِ ويُنْزِلُ الأمطارَ الغزيرَةَ عَلَى الأرضِ ، وكانَ يَشعُرُ بِقُوَّتِهِ الْخارِقَةِ ، ويَفرَحُ كَثيراً.
وذاتَ يَومٍ أَرادَ أن يُظهِرَ قُوَّتَهُ وبَطشَهُ عَلَى صَخرَةٍ كَبيرَةٍ. فَأَنزَلَ عَلَيها ماءً وأمطاراً غَزيرَةً ، ولكنّ الصَخرَةَ لَم تُبالِ ولَم تَتَحَرَّكْ. فَشَعَرَ النحّاتُ زَخيا بِأَنَّ الصَخرَةَ أَقوَى مِنهُ. فاستَشاطَ غَضَباً وصَرَخَ لِلجِنيَّةِ. فَحَضَرَتِ الْجِنيَّةُ. فَقالَ لَها : « إنَّ الصَخرَةَ هذِهِ، أقوَى مِنَ الغُيوم ، وأنا أُريدُ أن أَتَحَوَّلَ إلى صَخرَةٍ « . فَقَبِلَتِ الْجِنِيَّةُ ونَفَخَت عَلَيهِ ، فَتَحَوَّلَ صَخراً ضَخماً أَصَمّ.
وفَرِحَ النَحّاتُ زَخيا لأنَّهُ شَعَرَ بِأنَّهُ أَصبَحَ أَقوَى مِنَ الْمَطَرِ. فكانَ يَضحَكُ ويَقولُ : أَينَ قُوَّتُكَ أَيُّها الْمَطَرُ ؟ أَنتَ لا تُؤَثِّرُ فِيَّ ،أنا أَقوَى مِنكَ »
وذاتَ يَومٍ جاءَ نَحّاتُ صُخورٍ ونَظَرَ إلى الصَخرةِ ، فَأَعجَبَتْهُ ، فَقالَ : « آتي غَداً بِإِزميلي وأَنْحَتُ هذِهِ الصَخرَةَ وأَصنَعُ مِنها حِجارَةً لِلبِناءِ « ..
فَخافَ زَخيا خَوفاً كَبيراً وارتَعَدَ رُعباً وصَرَخَ صَوتاً قَوِيّاً.. فَحَضَرَتِ الْجِنِيَّةُ. فَقالَ لَها : « أرجوكِ ، أُريدُ أَن أَعودَ نَحّاتاً كَما كُنتُ مِن قَبل » فَضَحِكَتِ الْجِنِيَّةُ ونَفَخَتْ عَلَيهِ ، فَعادَ نَحّاتاً كَما كانَ مِن قَبل. والتَفَتَ زَخيا لِيَشكُرَ الْجِنِيَّةَ ، فَلَم يَجِدها. فقالَ : « القَناعَة كَنْزٌ لا يَفنَى